samedi 9 janvier 2016

Journal de Luciole [3] ♫ Éducation du cheval à la voix ♪

Vendredi 8 janvier, direction Simandre,
pour rencontrer Catherine Senn.

Je commence par vous transcrire des extraits de son site : http://www.catherinesenn.com/


« Le cheval est un être vivant doté de capacités intellectuelles (pensées, observation, analyse, réflexion, mémoire, imagination), de sentiments et d’émotions, d’une personnalité bien individualisée et d’un caractère propre. »


"[…] Se servir de la voix avec le cheval a pour objectifs d'établir un vrai dialogue, avec des propositions et des réponses, des échanges d'idées, de sentiments, d'opinions, des partages d'actions et de réalisations, etc... La finalité n'est pas d'avoir un cheval bien dressé, ce qui peut être parfaitement obtenu par les méthodes classiques. La finalité est de développer une relation de sympathie, de compréhension réelle et de complicité profonde entre l'humain et le cheval. La voix est avant tout un outil d'échanges, de dialogue, de communication qui favorise la compréhension et le rapprochement de deux êtres. Voilà la raison principale de l'utilisation de la voix avec le cheval. A travers les éléments qu'elle met à notre disposition, les mots et les intonations en priorité, elle offre une réelle possibilité de rapprochement entre des individus très différents, l'humain et le cheval."


"L’Equility est un art de vivre avec son cheval. Observer l’être vivant, l’écouter le comprendre, le respecter dans ce qu’il est tout simplement permet de développer avec lui une relation d’échanges et de partages, de jeu et de tendresse, sans recherche de performances ou de gloire."


"La pratique de l'Equility est soumise à certaines règles qui doivent permettre de préserver l'esprit de cette discipline en privilégiant la sympathie et la bonne humeur dans tous les échanges avec le cheval.

       Ces règles sont les suivantes:

  1. L'objectif premier de l'Equility est la recherche de la complicité avec son cheval, ainsi que la création d'un réel lien de fidélité.
  2. L'éducation du cheval se fait exclusivement à la voix et utilise largement les encouragements et la valorisation du cheval, ainsi que la récompense-outil.
  3. Le travail du cheval se pratique en licol et corde simples, sans stick ni cravache.
  4. Le travail doit s'effectuer dans un climat de sympathie, de bonne humeur et de plaisir partagé avec le cheval.
  5. Toute brutalité est strictement interdite, ainsi que tout autoritarisme verbal. Le travail doit obligatoirement se faire avec respect et douceur."


Catherine  pratiquant l'équility

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Grace à Caramel, (pas notre Fjord, un shetland alezan) j'ai pu avoir une démonstration convaincante du travail volontaire tout à la voix avec Catherine.
J'ai trouvé une grande ressemblance avec ce que je connaissais du Clicker training : Demande, réponse du cheval, récompense.

Seulement l'outil "voix" est nettement préféré ici car beaucoup plus fin que le clicker mécanique, et la voix permet de transmettre beaucoup mieux les émotions positives qui tiennent une bonne place dans le travail.

Caramel est réellement AVEC sa partenaire humaine, il volte autour d'elle, pirouette à sa demande à quelques mètres puis revient à sa place : près d'elle. Catherine me précise qu'ici il n'y a pas deux bulles : celle de l'humain et celle du cheval mais UNE seule qu'ils partagent. En bonne harmonie.

Point de vue intéressant : Le cheval dans n'importe quel travail avec l'homme doit comprendre celui-ci et donc faire l'effort de "parler homme". Malgré la recherche d'une équitation "comportementale" et donc moins arbitraire, le fait demeure : les chevaux doivent nous décoder encore et toujours. Catherine explique qu'en étant conscient de cela, nous devons toujours commencer par entrer en contact avec le cheval avant de commencer un travail réel en lui permettant de se préparer à "comprendre l'humain". Il passe 23h/24 sans avoir besoin de parler étranger alors lorsque nous arrivons pour le lui demander, il est raisonnable de lui accorder un peu de temps pour qu'il s'y prépare. Donc, les 10 premières minutes passées avec lui, commencer toujours par une connexion facile, en face à face, et des exercices acquis. 

Par la suite, c'est un dialogue qui s'installe, pas seulement une succession de demandes du piéton ou cavalier au cheval. Toujours indiquer au cheval lorsqu'il a bien accomplit la demande, au lieu de passer à une autre demande immédiatement. 
Au départ chaque bonne réponse est récompensée systématiquement, voix et friandise. Ensuite on peut demander un enchaînement de réponses avant de récompenser, mais bien plus tard. 

Une différence essentielle avec le travail classique et même éthologique-version-ffe : Quel que soit l'exercice, il faut qu'il y ai contact visuel ou recherche du contact entre le cheval et l'humain. Par exemple si le cheval effectue une volte autours de moi, il doit garder un œil vraiment SUR moi. Et non pas exécuter l'exercice "par cœur" sans me regarder. C'est à la fois le signe et la condition du lien recherché dans le travail à la voix. 

Autre différence : L'éducateur à la voix n'utilise pas de codes gestuels, essaiera de repérer et d'éliminer les gestes "parasites" pour ne garder que l'instrument principal : la voix. Par contre cet instrument va être travaillé, exercices de respiration, prise de conscience des différentes modulations et intonations, adaptation par rapport au cheval travaillé, car vous ne parlez pas à chaque humain de la même façon : à chaque cheval non plus. 

Point commun d'importance avec toutes les autres méthodes : La recherche de la finesse. Le cheval est un hyper sensible, c'est pourquoi il lit si facilement "en nous". Il perçoit des gestes, des postures que nous n'avons même pas conscience d'utiliser. Il perçoit aussi des émotions que parfois nous ignorions peut-être également, et nous les renvoie. C'est une grande richesse lorsqu'on le comprend et que l'on accepte. Mais dans le travail, il s'agit ensuite d'être de plus en plus conscient de soi, de sa façon d'être dans l'instant et dans la concentration avec le cheval, pour arriver à un travail juste et de plus en plus fin. 
Dans le langage du corps, un doigt parmi les 10 qui se lève un peu plus peut suffire. 
Dans le langage vocal, une indication donnée dans un mode de conversation douce peut suffire. 
Une expiration et un relâchement vous donnent des transitions... Etc 

Dans le travail avec le cheval, l'humain doit aussi s'efforcer d'être précis. Savoir ce qu'il veut et la façon dont il le veut. Cela rassure le cheval et lui permet d'être plus décontracté pour donner sa réponse. Il n'y a pas de place pour l'approximation qui va perturber le cheval, et qui ne l'encouragera pas à continuer à travailler avec cet humain qui propose des choses qu'il ne calcule pas correctement. 
Exemple : Demander au cheval d'aller contourner un cône  - au plus près - et de revenir directement vers soi ensuite. 
Plutôt que l'envoyer contourner le cône... et aviser ensuite. 

Catherine a constaté que tous les chevaux qu'elle a travaillé avec cette méthode, même ceux qu'elle rencontre pour la première fois, sont parfois surpris qu'elle s'adresse à eux ainsi, vocalement et surtout avec la volonté d'établir un dialogue. Surpris ou pas, ils apprécient ! Et plus ça va, plus ils sont en demande de lien, plus leur esprit est éveillé, leurs capacités de réflexion gagnent en puissance et en rapidité. S'adresser au cerveau et pas qu'aux muscles, faire participer le cheval au lieu de le cantonner au rôle d'outil, établir un dialogue et récompenser : Créer une relation épanouissante des deux côtés. 

Catherine propose une formation sur 18 mois avec des cours pratiques, théoriques, des suivis vidéos et par fiches, un travail global pour le futur éducateur à la voix équin. 
Je ne vais pas suivre cette formation pour l'instant, mais je suis très contente d'avoir pu rencontrer Catherine et d'avoir échangé sur tout cela ! 

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